Errance

Selon Gilbert Huysbens, un orgue fut installé par Cavaillé-Coll à la Cathédrale de Grenoble le 27 juin 1863 pour 11.000 F. L’orgue est placé dans le buffet de l’ancien orgue démoli en 1862. Le ministre des Cultes accorde une subvention de 6000 F pour cet achat. Camille Saint-Saëns, alors organiste à la Madeleine se produit sur cet orgue en février 1869. Cet orgue semble bien être celui de Voreppe.

Voici ce que dit la Semaine Religieuse de Grenoble du 6 mars 1869 (5) :
« Le 26 février, M. Saint-Saëns a bien voulu se faire entendre, pendant la messe de 11 heures, sur le petit orgue de la maison Cavaillé-Coll que possède notre cathédrale. Un auditoire nombreux et choisi a pu, malgré l’insuffisance de l’instrument, apprécier le beau talent de l’éminent organiste de La Madeleine. On a surtout remarqué, à la consécration, un chant doux et large des jeux de Récit, accompagné, sur les jeux de fonds, d’ornements élégants qui parcouraient, comme des étincelles rapides, toute l’étendue du clavier, et soutenu par une basse bien accentuée sur la pédale. Dans un autre morceau, dont le motif était un air breton,
on a pu regretter l’absence d’un jeu de hautbois, qui en eût mieux fait ressortir le caractère tout particulier et un peu sauvage. Enfin, dans la sortie, l’artiste a déployé toutes les richesses de sa science harmonique et une habilité consommée pour tirer de l’instrument tout l’effet que comportent ses ressources. Une quête fructueuse,
au profit des pauvres de la paroisse, a complétée heureusement cette petite fête improvisée. »

Lorsque l’orgue de l’ancien Petit Séminaire de la Côte-Saint-André fut affecté à la Cathédrale de Grenoble, le Cavaillé-Coll fut laissé au Petit Séminaire de Saint-Antoine-l’Abbaye vers 1928. Voici comment il fut installé dans la chapelle du séminaire (et non dans la basilique) ; je vous confie le témoignage d’un ami voironnais, Jean Berthelet :

« Je suis rentré au Petit Séminaire de St Antoine l’Abbaye le 1er octobre 1926, et j’ai eu le plaisir de faire l’ouverture du Petit Séminaire de Voreppe le 1er octobre 1933. J’ai apprécié la différence de confort et de facilité de vie, bien que la rigidité et la régularité des horaires soient restés les mêmes. Je suis donc un des survivants, encore lucide’ de cette période rigoureuse de formation de caractères. Je tiens à te préciser un évènement que j’ai vécu et qui t’intéressera certainement : Au cours des années scolaires 1928-1929 et 1929-1930, un jeune séminariste, musicien dans l’âme, avait eu l’autorisation de ses supérieurs de passer ses temps libres et récréations à essayer de remonter un orgue qui était entreposé en pièces détachées dans un local genre débarras au fond de la chapelle. Il s’attela à la tâche, armé de son « Opinel » qui lui servait à accorder les tuyaux. Sur deux années, où il consacra, il me semble, une partie de ses vacances, il réussit, Seul, l’ exploit de faire fonctionner cet orgue, qui fut installé dans la chapelle de Petit Séminaire ( et non pas dans l’ Abbaye, comme cela a pu être dit ou cru ). Son transfert, évidemment, fut fait en 1933 dans la chapelle du nouveau Petit Séminaire de Voreppe. La suite tu la connais.
Cet adolescent, que j’ai bien connu, ne s’intéressait pas au sport, mais était passionné de Musique. Il n’était autre que Jacques Tritsch, qui est devenu l’ un des 4 du groupe « Les quatre Barbus » . C’est d’ailleurs lui qui faisait les arrangements musicaux du groupe.